- EAN13
- 9782072095368
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 07/2019
- Collection
- Blanche
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Autre version disponible
-
Papier - Gallimard 13,95
Ce livre n'a pas été écrit pour évoquer les embarras qui viennent à l'homme de
son langage, malentendus, stupéfactions, inhibitions, méfiances de toutes
sortes. Ils ne servent qu'à introduire la préoccupation qui y est appelée
métaphysique, pour qu'on la distingue des recherches sémantiques,
stylistiques, ou psychologiques : qu'à force de souffrir parce qu'on n'a pas
dit, ou qu'on a mal dit, ce qu'il y avait à dire, et qui reste à peser sur le
cœur, on en arrive à se demander pourquoi il ne suffit pas de vivre, mais
qu'il faille encore le dire, pourquoi nous ne savons pas nous entendre sans
avoir besoin de parler, comme le font les abeilles ou les corbeaux. Car notre
langage n'est pas qu'un code de signaux plus compliqué qu'un autre. Il est
l'aventure de la pensée, des mots qui sont là depuis toujours, semble-t-il,
qu'on tourne et retourne, sans voir où ils mènent. Nous ne savons pas, non
plus, d'où il nous est venu. L' hypothèse actuelle de l'évolution, serpent,
oiseau, singe, puis homme criant d'abord, parlant ensuite, est assez terrible,
à la réflexion. Notre civilisation des livres paraît signifier que la
destination de l'homme est de se transformer en des mots qu'autrui a le
pouvoir de ne pas écouter. Le ressort de la philosophie classique était le
langage vrai. Y en a-t-il un? Celui de la dialectique moderne pourrait être le
mensonge vraisemblable, prenant une allure de cérémonie, avec la littérature
pour modèle. Il faut un soubassement à un tel édifice. C'est de cette
métaphysique qu'il est question ici.
son langage, malentendus, stupéfactions, inhibitions, méfiances de toutes
sortes. Ils ne servent qu'à introduire la préoccupation qui y est appelée
métaphysique, pour qu'on la distingue des recherches sémantiques,
stylistiques, ou psychologiques : qu'à force de souffrir parce qu'on n'a pas
dit, ou qu'on a mal dit, ce qu'il y avait à dire, et qui reste à peser sur le
cœur, on en arrive à se demander pourquoi il ne suffit pas de vivre, mais
qu'il faille encore le dire, pourquoi nous ne savons pas nous entendre sans
avoir besoin de parler, comme le font les abeilles ou les corbeaux. Car notre
langage n'est pas qu'un code de signaux plus compliqué qu'un autre. Il est
l'aventure de la pensée, des mots qui sont là depuis toujours, semble-t-il,
qu'on tourne et retourne, sans voir où ils mènent. Nous ne savons pas, non
plus, d'où il nous est venu. L' hypothèse actuelle de l'évolution, serpent,
oiseau, singe, puis homme criant d'abord, parlant ensuite, est assez terrible,
à la réflexion. Notre civilisation des livres paraît signifier que la
destination de l'homme est de se transformer en des mots qu'autrui a le
pouvoir de ne pas écouter. Le ressort de la philosophie classique était le
langage vrai. Y en a-t-il un? Celui de la dialectique moderne pourrait être le
mensonge vraisemblable, prenant une allure de cérémonie, avec la littérature
pour modèle. Il faut un soubassement à un tel édifice. C'est de cette
métaphysique qu'il est question ici.
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