- EAN13
- 9782072442995
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 08/03/2013
- Collection
- NRF Essais
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
'Sécurité publique', 'sécurité alimentaire', 'sécurité énergétique', 'sécurité
des frontières' : la sécurité constitue aujourd'hui dans tous les États un
Principe régulateur, c'est-à-dire, confusément et tout à la fois, un
sentiment, un programme politique, des forces matérielles, une source de
légitimité, un bien marchand, un service public. Ce Principe est le fruit de
quatre acceptions historiques : la sécurité comme état mental, disposition des
grandes sagesses stoïciennes, épicuriennes et sceptiques à atteindre la
fermeté d'âme face aux vicissitudes du monde ; la sécurité comme situation
objective, ordre matériel caractérisé par une absence de dangers (c'est
l'héritage du millénarisme chrétien) ; la sécurité comme garantie par l'État
des droits fondamentaux de la conservation des biens et des personnes, voire
comme bien public (surveillance, équilibre des forces, raison d'État et état
d'exception) ; la sécurité comme contrôle des flux à notre époque
contemporaine, avec ses concepts nouveaux : la 'traçabilité', la 'précaution',
la 'régulation'. Loin d'être des acceptions successives, ces dimensions sont
des 'foyers de sens', toujours à l'œuvre conjointe – la tranquillité du Sage
ne dépend plus de techniques spirituelles mais d'un bon gouvernement et d'un
État fort ; les ressorts millénaristes ont été recyclés par les révolutions
totalitaires du XXe siècle ; la tension s'est installée entre la sécurité
policière et la sécurité juridique, entre la sécurité militaire et la sécurité
policière qui prétend, à son tour, combattre 'l'ennemi intérieur' ; la
biosécurité et ses logiques de sollicitations permanentes – être toujours et
partout accessible, réactif – sont à l'opposé de l'idéal antique de la
stabilité intérieure ; tandis que la sécurité du marché impose un
démantèlement de l'État-providence, des politiques de santé publique et des
logiques de solidarité : la sécurité-régulation se substitue à la sécurité-
protection. Pour finir, le Principe Sécurité se définit toujours par une
retenue au bord du désastre.
des frontières' : la sécurité constitue aujourd'hui dans tous les États un
Principe régulateur, c'est-à-dire, confusément et tout à la fois, un
sentiment, un programme politique, des forces matérielles, une source de
légitimité, un bien marchand, un service public. Ce Principe est le fruit de
quatre acceptions historiques : la sécurité comme état mental, disposition des
grandes sagesses stoïciennes, épicuriennes et sceptiques à atteindre la
fermeté d'âme face aux vicissitudes du monde ; la sécurité comme situation
objective, ordre matériel caractérisé par une absence de dangers (c'est
l'héritage du millénarisme chrétien) ; la sécurité comme garantie par l'État
des droits fondamentaux de la conservation des biens et des personnes, voire
comme bien public (surveillance, équilibre des forces, raison d'État et état
d'exception) ; la sécurité comme contrôle des flux à notre époque
contemporaine, avec ses concepts nouveaux : la 'traçabilité', la 'précaution',
la 'régulation'. Loin d'être des acceptions successives, ces dimensions sont
des 'foyers de sens', toujours à l'œuvre conjointe – la tranquillité du Sage
ne dépend plus de techniques spirituelles mais d'un bon gouvernement et d'un
État fort ; les ressorts millénaristes ont été recyclés par les révolutions
totalitaires du XXe siècle ; la tension s'est installée entre la sécurité
policière et la sécurité juridique, entre la sécurité militaire et la sécurité
policière qui prétend, à son tour, combattre 'l'ennemi intérieur' ; la
biosécurité et ses logiques de sollicitations permanentes – être toujours et
partout accessible, réactif – sont à l'opposé de l'idéal antique de la
stabilité intérieure ; tandis que la sécurité du marché impose un
démantèlement de l'État-providence, des politiques de santé publique et des
logiques de solidarité : la sécurité-régulation se substitue à la sécurité-
protection. Pour finir, le Principe Sécurité se définit toujours par une
retenue au bord du désastre.
S'identifier pour envoyer des commentaires.